Dans le cadre de leurs formations, les étudiants de l’IRTS de Lorraine ont l’occasion de réaliser des mobilités études et/ou stages en Europe et à l’International. Nous vous proposons de découvrir certaines de ces expériences à travers quelques photos et témoignages.
Apolline nous écrit aujourd’hui à propos du voyage qu’elle effectue à Montréal…
Salut, ça va ? (oui parce qu’ici tout le monde te dit : « salut ça va » du gros au petit commerçant, d’un inconnu à ton super pote. C’est comme un tic de langage.) Je suis arrivée à Montréal le lundi 24 janvier. J’ai pu poser ma valise de 24 kg et mon sac à dos de 15 kg à 17h30 après 8h de vol, un passage d’ 1h30 à l’immigration, 30 minutes de bus, 20 minutes de métro en montant et descendant des escaliers sans escalators et pour finir 5 minutes de voiture 😊. Il faisait -15°C ressenti -30°C !! Je suis tellement heureuse d’y être parvenue. Ce voyage me tenait tant à cœur. Sa préparation a généré beaucoup de stress: l’administration, les deadlines, trouver un stage. Durant 6 mois J’ai travaillé dans une pizzeria, tout d’abord en tant que livreuse puis comme serveuse. Les préparatifs de ce voyage m’ont beaucoup enrichie: expérience professionnelle, rencontres, se débrouiller pour faire ses papiers (passeports, visa , autorisation de voyage électronique), la rédaction d’un nombre conséquent de mails, rendez-vous à la banque, orientation dans un aéroport seule quand tu n’as jamais pris l’avion… Puis me voici en direct de Montréal à vous raconter mes aventures. Depuis le début de belles choses m’arrivent. Cela a débuté par un message en sortant de l’aéroport, une énorme affiche sur laquelle était inscrit « plusieurs poursuivent leurs rêves, moi je les réalise ». Si ce n’est pas un beau signe du destin! Je me souviens de mon premier jour à l’IRTS, les formateurs nous avaient dit :” vous ressortirez de cette formation transformé. Ces trois ans vont vous bouleverser, vous allez être traversé par plein d’émotions et par des moments pas toujours simples à vivre.” De septembre 2021, la rentrée de deuxième année, jusqu’à mon départ au Canada ont été pour moi les mois les plus difficiles. Je n’étais plus moi-même comme si mon corps était en mode automatique, il fallait seulement suivre un emploi du temps. Je ressentais une tristesse profonde sans savoir d’où elle venait je n’arrivais pas à m’en défaire. Mon cerveau était débordé de questionnements, de pensées, de remise en question de tout constamment. Alors si pour moi ce voyage était en premier lieu découvrir un autre pays, une nouvelle culture, enrichir ma formation, savoir me débrouiller seule à l’étranger loin de tout le monde, il a aussi pris une nouvelle dimension : me retrouver et m’accepter. Montréal est pour moi l’ endroit parfait pour ce travail sur moi. Ici, pour beaucoup la méditation, le développement personnel, le yoga, le bien-être font partie du quotidien. Alors c’est parti top chrono pour découvrir Montréal et ses environs. Quand je suis arrivée, la réalité était le couvre-feu supprimé et les magasins ouverts à nouveau depuis seulement une semaine, les bars et restaurants fermés, le pass sanitaire et le port du masque en intérieur obligatoires. Pour l’anecdote les montréalais n’ont jamais eu à porter le masque en plein air. La réouverture des restaurants a eu lieu le 14 février (ahlala plein de symboles ce cher Québec). Dès mon premier week-end je suis allée faire du ski et de la glissade (terrains de luge aménagés tu descends sur des grosses bouées qu’ils appellent des tubes) puis je me suis achetée des patins à glaces, je suis allée voir les animaux du Québec au parc Omega, j’ai marché dans la ville à la rencontres d’écureuils. C’est quelque chose qui me fait toujours sourire de voir un écureuil. Vous n’allez pas le croire mais ici les québécois les considèrent comme des rats vous vous rendez compte !! On me demande beaucoup si l’adaptation au froid n’était pas trop compliquée. Personnellement le froid ne me dérange pas . Avec un très bon manteau, de bottes créées pour affronter le pôle Nord et des collants tout doux j’ai l’armure idéale pour combattre le froid québécois. Vivre un véritable hiver blanc fait du bien à mon moral.
Tim Horton est une institution ici ! On peut manger plein de beignes (=beignets) à l’érable, au miel, au chocolat, à la pomme… boire du café…
Petit bémol la vie est tout de même relativement chère, pour faire une simple randonnée il faut payer, quelques dollars mais tout de même!
Au Québec c’est impressionnant comme la population est fâchée avec la religion catholique. Cela s’explique par l’histoire car il n’y a encore pas si longtemps les prêtres allaient dans les familles pour dire aux mères qu’elles n’avaient pas fait assez d’enfants. Certaines fratries étaient composées de 18 frères et sœurs. L’église demandait encore la dime dans les années 70. Elle est encore demandait mais plus obligatoire. La religion catholique a également fait subir des choses horribles aux autochtones et on en voit aujourd’hui les conséquences. Ils prenaient les enfants dans les réserves pour les mettre dans des pensionnats catholiques. Ils avaient interdiction de parler leur langue et de pratiquer leur religion. Ils subissaient des coups, des abus sexuels, de la mal nutrition… Il y a maintenant un an que la population découvre plusieurs cimetières de milliers d’enfants qui étaient scolarisés dans ces pensionnats catholiques. Les pensionnats étaient du primaire au secondaire soit à partir de l’âge de six ans jusque dix-sept ans. Les parents ne savaient jamais quand ils allaient revoir leurs enfants, parfois ils rentraient pendant l’été et parfois non. La dernière école a fermé ses portes dans les années 90. Aujourd’hui on peut voir les désastres de ces pratiques. Un bon nombre d’itinérants (=de sans-abris), et de personnes souffrants d’alcoolisme sont des autochtones. Cela peut s’expliquer par les traumatismes subit! Il y a eu une réelle perte identitaire et une perte d’identité parentale. Les jeunes n’avaient plus la place dans leur communauté mais ne l’avaient pas non plus dans les villes parce que chacun sont rempli de préjugés. Dans les réserves au niveau social il y a beaucoup de problèmes comme des violences conjugales, le décrochage scolaire, de l’inceste. Ils vivent souvent à 12 dans une petite maison. Dans les réserves le chef de bande gère les terres. C’est lui qui délivre les maisons et l’argent. Le problème c’est qu’ils font beaucoup de bébés mais n’ont pas assez d’argent pour construire et rénover les maisons. Tout doucement c’est en train d’évoluer. Dans la nation Crie si les personnes ont les moyens de construire une maison, ils en ont la permission. La maison leur appartient mais la terre sur laquelle est la maison appartient toujours à la communauté. Après le secondaire les jeunes vont au CGEP puis à l’université. Ils sont alors obligés de quitter leur réserve pour aller étudier. Souvent, ils ne reviennent pas dans leur réserve.
Des personnes tant du côté des blancs que du côté des autochtones essaient de diminuer les écarts et les préjugées. Le rituel POW-WOW ouvert au blanc en est un belexemple. Les réseaux sociaux peuvent être une manière de casser les préjugés. @sarainfox, @notoriouscree, @shinanova peuvent être des personnes à suivre sur instagram si cela vous intéresse. Concernant mon stage tout se déroule à merveille. Je suis dans un organisme communautaire : le théâtre aphasique. L’aphasie est un trouble de la communication qui peut se manifester dans l’expression et la compréhension du langage oral et ou écrit il est très souvent accompagné par une perte de mémoire. Ce trouble apparaît souvent suite à un accident vasculaire ou peut être progressif dû au vieillissement. La plus jeune personne a 33 ans et la plus âgée 85 ans. J’ai la chance d’assister à des ateliers de stimulations, à un atelier de jeu physique et à la troupe de théâtre qui répète pour un nouveau spectacle. Je me demande ce que le théâtre aphasique leur apporte. Très souvent on me répond qu’avant il ne parlait pas autant. Le théâtre peut les aider à travailler la spontanéité du langage, la mémoire, l’expression physique et surtout briser l’isolement social.
A tantôt pour le récit des nouvelles aventures montréalaises, Apolline |